Participation au Congrès annuel de la Fédération Nationale Bovine


Les 8 et 9 février derniers, j’ai été invitée à participer à l’Assemblée générale de la Fédération Nationale Bovine à Brumath dans le Bas-Rhin (67).
Cette rencontre annuelle est l’occasion de réunir une grande partie des acteurs du monde de l’élevage : éleveurs, associations, élus… afin d’échanger sur le devenir de la filière.

Dans le cadre de ce Congrès annuel, je suis intervenue lors d’une table ronde organisée le 9 février sur le thème « Perspectives pour la production bovin-viande dans le contexte post-2013 ». Cet échange a été l’occasion de faire un bilan des années difficiles traversées par le secteur de l’élevage en France et d’en tirer les conclusions à l’aune des négociations sur la nouvelle PAC d’après 2013.

Nous avons bien évidement évoqué la crise de revenu importante du secteur agricole depuis plusieurs années qui touche particulièrement le secteur de l’élevage. Nous sommes nombreux à penser aujourd’hui que nous sommes arrivés à un point de rupture. La volatilité des prix, la spéculation, les crises sanitaires ou encore la concurrence exacerbée sont autant de facteurs qui ont mis à mal notre modèle agricole et poussé de nombreux exploitants à mettre un terme à leurs activités.

A cette crise structurelle, est venue s’ajouter une crise conjoncturelle liée notamment aux aléas climatiques. La sécheresse de l’an passé a mis en exergue la fragilité du secteur de l’élevage et sa trop forte dépendance pour alimenter le bétail. Il est aujourd’hui évident que la multiplication des crises sanitaires et des aléas climatiques doit nous pousser à repenser notre politique de gestion du risque en matière agricole.

Lors de cette table ronde, tout le monde s’est accordé à dire que l’élevage français avait d’énormes atouts qui ne demandaient qu’à s’exprimer. En effet, nous disposons d’un fort potentiel de production, d’un savoir faire indéniable et d’un tissu économique mobilisable important qui font de l’élevage un des piliers de l’économie agricole et agro-alimentaire française. Il est donc de la responsabilité des pouvoirs publics de permettre à ce secteur de les exprimer au mieux.

Pour ma part, je considère qu’il est plus que jamais nécessaire de mettre en place de véritables filières de valorisation dans nos territoire afin d’apporter une véritable plus-value à la production bovine française. La France compte 500 000 exploitations et près d’un million de personnes impliquées de façon régulière dans une activité agricole. Ce secteur a donc un rôle économique et social central pour nos zones rurales. Pour ces raisons, nous devons ancrer ces activités dans nos territoires afin de maintenir un développement économique harmonieux.

Le traitement de l’épisode sécheresse 2011 montre qu’il y a une véritable complémentarité entre culture céréalière et élevage ce qui pourrait se traduire par un système de contractualisation inter-filière plutôt que d’être amené à réagir dans l’urgence. Il serait aussi nécessaire de trouver un meilleur équilibre entre le maigre et l’engraissement. Les rapports de force au sein des filières doivent faire l’objet d’un nécessaire rééquilibrage pour donner aux producteurs les moyens de s’organiser face, notamment, à la grande distribution. Il est par exemple indispensable que la variation des coûts de production soit prise en compte dans le prix de vente des animaux.

Ce congrès a aussi été l’occasion de mettre l’accent sur le renouvellement des générations. Or, nous assistons aujourd’hui à un vieillissement de la profession. Depuis la fin des années 90, le niveau d’installation et le taux de remplacement des départs ont chuté, et plus de la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans. Encourager et soutenir la reprise et l’installation des jeunes doit être un axe fort de toute politique agricole.

Les défis qui s’imposent aujourd’hui au monde de l’élevage sont nombreux et de taille. La concurrence internationale et l’instabilité des marchés ont plongé ce secteur dans une certaine fragilité. Néanmoins, je suis convaincue que, fort de ses nombreux atouts et avec l’appui d’une politique publique adaptée et volontariste, l’élevage français est en mesure de se montrer à la hauteur.

(Crédit photos « TA FDSEA 67 »)