Absentéisme scolaire : une logique sécuritaire n’a pas sa place dans l’éducation

Je tiens à revenir sur l’adoption, le 15 septembre dernier, de la proposition de loi visant à lutter contre l’absentéisme scolaire. Ce texte prévoit la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire d’un des enfants de la famille, sur demande d’un inspecteur d’académie.

Je suis fortement opposée à cette mesure. Une fois de plus, face à des enjeux majeurs, le Gouvernement, qui a soutenu ce texte, démontre que la seule réponse qu’il puisse apporter est celle de la sanction et de la stigmatisation.

En tant qu’enseignante, je ne peux que récuser cette pénalisation financière car elle a fait l’objet, lors des débats, d’un dangereux amalgame entre absentéisme scolaire, violence et délinquance.

L’adoption de cette loi n’est que le reflet de l’incapacité du pouvoir en place à apporter des solutions pédagogiques et éducatives pour lutter contre l’absentéisme scolaire. De plus, elle met en place une double sanction pour des familles qui sont déjà, bien souvent, en situation difficile.

C’est donc la solidarité qui est sacrifiée au profit d’une politique sécuritaire et répressive n’apportant aucune réponse et aucune aide à des familles qui en ont le plus besoin.

Pourtant, nous ne pouvons plus nier que notre système scolaire souffre de graves dysfonctionnements qui, dans leurs effets, conduisent parfois à cet absentéisme scolaire.
Je pense notamment à la question de l’orientation et du taux d’encadrement des élèves qui devrait être au cœur de toute politique éducative. Or, la suppression de 16 000 postes dans l’éducation nationale ne peut que contribuer à la dégradation de la situation actuelle. De plus, nous pouvons craindre que l’absence de formation des nouveaux enseignants aggrave le système.

Il ne faut pas s’y tromper, les principales victimes des réformes en cours sont les élèves, les enseignants et les familles qui, chaque jour, subissent la dégradation et la paupérisation de notre système scolaire.

C’est pour ces raisons que le groupe socialiste s’est fermement opposé à ce texte lors des débats au Parlement. Je tiens aussi à ajouter que, comme à l’Assemblée nationale, cette proposition de loi n’a pas suscité l’enthousiasme de la part des membres de la majorité qui, pour certains, n’ont pas pris part au vote, quand ils ne se sont pas abstenus.

Je tiens à dire que je regrette, profondément, l’adoption de cette loi qui n’apporte aucune réponse au problème du décrochage scolaire et qui aggrave les inégalités sociales et économiques.